Le lancement officiel du rapport sur le programme d’évaluation des systèmes éducatifs de la conférence des ministres de l’éducation des pays francophones (CONFEMEN) s’est tenu à Dakar le 21 décembre 2020, en présence de nombreux ministres et représentants de gouvernements. Le président du CSFEF assistait à cet événement, aux côtés de camarades des syndicats sénégalais de l’éducation.
Lors de la session d’ouverture, marquée par la présence du président de la république du Sénégal, il a été indiqué que les données de l’enquête PASEC doivent être partagées auprès de tous les acteurs de la communauté éducative, afin de prendre des mesures propres à améliorer et à renforcer les systèmes éducatifs des pays africains.
Les points saillants de l’enquête PASEC 2019
L’enquête 2019 concerne les élèves de 14 pays dont 10 avaient été évalués en 2014, ce qui permet de suivre les évolutions pour ces pays. Elle mesure, à travers des questionnaires, les compétences en langue (lecture, compréhension) et en mathématiques des élèves en début et en fin d’école élémentaire. Un autre volet de l’enquête concerne le niveau des enseignants des écoles élémentaires et leur travail. Le rapport complet ainsi que le résumé exécutif sont disponibles en ligne.
Selon les chercheurs du PASEC, les élèves ont des niveaux insuffisants en langue en début et fin de scolarité, avec des différences notables selon les pays. En revanche il y a de bons résultats en mathématiques en début de scolarité, qui se dégradent en fin de scolarité. Les 10 pays pour lesquels on a pu mesurer l’évolution montrent une nette amélioration en langue et en début de scolarité en mathématiques. Mais les inégalités persistent : socio-économiques, public/privé, villes/campagnes.
Pour les enseignants, l’enquête fait apparaitre un niveau correct des contenus disciplinaires enseignés : 84 % ont la maitrise nécessaire en langue, 65 % en mathématiques, en revanche une amélioration est à rechercher du côté de la didactique.
Pour le CSFEF, les 16 % d’enseignants qui maîtrisent insuffisamment la langue interrogent le mode de recrutement des enseignants dans certains pays. La didactique est un point important, tant en formation initiale que continue.
L’étude PASEC indique que les ressources des écoles sont un facteur important de la variation des performances scolaires : accès aux manuels, locaux adaptés, école à proximité. L’environnement socio-économique et le niveau d’instruction des parents jouent beaucoup, ce qui explique par exemple que les écoles privées ont en général de meilleurs résultats que les écoles publiques. Enfin le rapport s’interroge sur l’efficacité du redoublement.
Les pistes préconisées en conclusion du rapport rejoignent souvent les analyses syndicales.
- Développement de l’enseignement préscolaire (3 à 5 ans)
- Début de scolarité davantage en langue maternelle
- Focus sur les élèves en difficulté d’apprentissage
- Équipements scolaires et ressources éducatives à renforcer
- Mesures spécifiques pour la scolarisation et la réussite des filles
- Formation initiale et continue des enseignants incluant davantage la didactique
- Améliorer la carrière et la rémunération des enseignants
Tour de table des gouvernements
Des représentants de différents pays (ministres ou leur représentant) sont alors intervenus pour commenter les résultats concernant leur propre pays : satisfecit du Gabon par exemple dont la ministre explique que les bons scores des élèves et des enseignants sont les conséquences de bonnes réformes. Elle souhaite d’ailleurs poursuivre par une évaluation des établissements secondaires. D’une façon générale, les pays assurent que l’enquête sera suivie d’effets, notamment concernant la formation des enseignants et les ressources pédagogiques. L’UNESCO et le ministre de l’Éducation français, Jean-Michel Blanquer (intervenant à distance), annoncent la création d’un site de ressource pédagogique destiné à l’Afrique francophone : imaginecole.
Prochaine étape : les rapports nationaux
Des discussions que le CSFEF a pu mener avec les équipes PASEC de plusieurs pays, il ressort que paraîtront prochainement les rapports par pays, en coordination avec la CONFEMEN. C’est ainsi qu’une date commune de publication sera arrêtée, vraisemblablement en février ou mars prochain. Pour exploiter et interpréter les données, des chercheurs sont recrutés en ce moment dans chaque pays. Il faudra ensuite disséminer les résultats de la recherche afin qu’elle ne soit pas réservée à quelques initiés. Le CSFEF insiste pour qu’à chaque étape du processus les enseignants et leurs organisations syndicales soient associées. Dans certains pays, il existe des structures de concertation comme le conseil national d’enseignement ou des comités de dialogue social, celles-ci seront utilisées. Il est clair que les syndicats ne doivent pas attendre qu’on les convie à une éventuelle concertation mais ils doivent se manifester.
En conclusion
Le secrétaire général de la CONFEMEN a insisté sur la formation et la professionnalisation des enseignants, indiquant notamment que la précarité et les bas salaires étaient un frein à la qualité de l’éducation. Cette intervention est dans le droit fil de nos positions syndicales, espérons que chaque pays réponde de façon aussi positive aux nombreuses pistes de réflexion soulevées par le PASEC.