Au Sénégal, les syndicats de l’éducation peuvent se féliciter du résultat de leur longue lutte pour obtenir de substantielles revalorisations des salaires. Il faut en effet remonter à 2018 où, devant l’incapacité du gouvernement à tenir ses engagements et à respecter le dialogue social, les syndicats avaient lancé une grève très suivie qui avait duré 4 mois.
Cette première action avait abouti à la signature d’un accord portant sur 11 points dont les plus notables étaient :
– Engagement du gouvernement à lutter contre les lenteurs administratives qui plombent la carrière des enseignants
-Paiement à temps des rappels de traitement dus aux enseignants
– Augmentation de l’indemnité de logement de 60000 à 100000 CFA
– Prise en charge de la problématique de l’enseignement arabe
– Passerelles pour permettre aux enseignants qui le désirent de migrer vers d’autres niveaux d’enseignants après une formation
– Reprise des prêts (dits DMC) permettant aux enseignants d’accéder plus facilement au logement
– Création du corps des administrateurs scolaires
L’accord stipulait également qu’un suivi serait fait, avec les partenaires syndicaux mais ce dispositif n’avait pas été formalisé.
Toutefois, pour les syndicats, cet accord n’était qu’un premier pas car la question de fond des salaires n’était pas traitée. Trois ans plus tard, un vaste mouvement social secouait le pays, sévèrement réprimé par le gouvernement. La réaction syndicale a été ferme et offensive, avec comme point fort un nouvel appel à la grève en octobre 2021 pour faire revenir le gouvernement à la table des négociations.
C’est donc bien la lutte et la négociation qui a permis la signature d’un nouvel accord, le 26 février dernier, antre le gouvernement et les syndicats représentatifs du secteur de l’Education : CUSEM, SAEMS, SELS, SELS/A, SIENS, SNELAS/FC, UDEN.(1)
Augmentation du traitement de base
Cet accord prévoit l’augmentation de nombreuses primes dont bénéficieront les enseignants du primaire et du secondaire ainsi que des indemnités dévolues aux personnels administratifs. Mais surtout, l’accord prévoit l’augmentation du point d’indice de 5 points, c’est une mesure qui va améliorer les salaires de l’ensemble des personnels d’éducation.
Le gouvernement a également ouvert d’autres perspectives de réflexion, notamment sur les écoles franco-arabes. En contre-partie de la signature de cet accord, le gouvernement voulait initialement que les syndicats s’engagent sur un « pacte de stabilité » pendant 5 ans. «Cela revenait de fait à taire toute nouvelle revendication pendant 5 ans, et nous l’avons refiusé» précise Abdourahmane Gueye, secrétaire général de l’UDEN, «à la place, nous avons négocié la formation d’un comité de suivi» ajoute t-il. Ce comité de suivi est partie intégrante de l’accord signé, il sera composé de représentants du gouvernement, des syndicats et des acteurs la société civile actifs dans le secteur de l’éducation.
(1) Un certain nombre de syndicats ont été déclarés représentatifs suite aux élections professionnelles, dont l’UDEN qui nous a transmis les informations nous permettant de relater cette importante victoire syndicale.